Le voyage et l’accident
Les enfants étaient en voyage avec leur mère, un ami et le pilote du petit Cessna qui les transportait le 1er mai 2023. Ils avaient quitté Araracuara, un village au cœur de la forêt amazonienne colombienne où vit la population indigène des Huitoto, dont ils sont membres, pour rejoindre leur père qui se trouvait dans la ville de San José del Guaviare. Leur père, Manuel Ranoque, a expliqué que la famille fuyait leur village natal en raison de menaces de groupes armés qui prennent le contrôle d’Araracuara et des zones environnantes et menacent les résidents.
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Survivre dans la jungle
Dans les premiers jours, les quatre frères se sont nourris de farine de manioc ou de cassava, une sorte d’amidon obtenu à partir des racines de manioc (Manihot esculenta), une plante originaire d’Amérique du Sud, très calorique et au goût sucré, typiquement utilisée par les populations amazoniennes pour faire du pain et des gâteaux. Ils ont ensuite mangé des graines, surtout d’un fruit appelé avichure, semblable au fruit de la passion, qu’ils ont trouvé à un kilomètre et demi du site de l’accident, ainsi que des fruits et des herbes aromatiques.
«Les peuples indigènes grandissent en étroite communion avec leur environnement», explique à Focus.it Luis Germán Naranjo, directeur de la conservation du WWF Colombie. «Les enfants apprennent des anciens ce qui est comestible, comment trouver un abri pendant une tempête, comment trouver de l’eau potable et éviter les créatures dangereuses. Surtout, ils se sentent en communion avec la nature et voient la forêt comme leur maison».
L’importance de la culture indigène
Les enfants Huitoto commencent à pêcher, à chasser et à cueillir des fruits dès leur plus jeune âge, et à 13 ans (et même à 9 ans), un enfant élevé dans ce contexte se déplace facilement dans la forêt et peut parcourir jusqu’à 30 km par jour sans chaussures : les enfants ont été retrouvés avec des chiffons attachés à leurs pieds pour protéger leur peau pendant qu’ils marchaient dans les broussailles.
Le sauvetage
Cent cinquante soldats de l’armée colombienne ont été mobilisés avec une dizaine de chiens spécialisés dans les missions de sauvetage, tandis que les hélicoptères survolaient une zone de plus de 323 km carrés, diffusant par haut-parleurs un message enregistré par la grand-mère des enfants, leur disant dans la langue Huitoto qu’ils étaient recherchés et de rester ensemble. Un des chiens, un berger belge nommé Wilson, a réussi à trouver les enfants et à les escorter pendant de nombreux jours, avant qu’ils ne soient trouvés par les hommes.
Un récit de survie extraordinaire
Les enfants ont finalement été sauvés à 5 km du lieu de l’accident, dans une petite clairière à l’intérieur de la forêt. Après une évacuation initiale à San José del Guaviare, les frères ont été transportés par un avion médical militaire à Bogotá pour deux semaines de soins spécialisés à l’hôpital, un peu mal en point mais vivants. Ils ont été sauvés par une culture ancienne et précieuse que l’exploitation incontrôlée de la forêt par ceux qui n’y voient que des ressources à extraire voudrait effacer.
Cet article a été écrit d’après des informations fournies par le site du magazine Focus ici.