Affrontements au Soudan : l’armée peine à neutraliser les groupes paramilitaires

Le général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, privilégie les combats rapprochés et joue sur les forces de ses RSF. Malgré les frappes aériennes quotidiennes, l’armée n’a pas réussi à déloger les RSF de la capitale, où ses hommes ont pris position dans des zones résidentielles et plusieurs institutions clés.

Une situation préoccupante pour les civils

Le conflit a laissé les Soudanais ordinaires perplexes, beaucoup d’entre eux ayant quitté la capitale pour se réfugier dans des zones rurales ou dans des pays voisins. Ils se demandent comment un rival de l’armée a pu voir le jour au cours des dernières années. « Pourquoi l’armée a-t-elle laissé Hemedti devenir une armée parallèle et menacer les gens normaux ? Où étaient les dirigeants de l’armée ? », s’interroge Hussein Ahmed, un habitant de Khartoum.

Les RSF, qui sont issues des Janjaweed, une milice arabe montée redoutée qui a aidé le gouvernement à mater une précédente rébellion dans la région occidentale du Darfour, cherchent à attirer l’armée dans des combats urbains où leurs véhicules légèrement armés ont plus de chances de résister aux chars et aux avions de guerre. « Nous avons besoin que Burhan et ses troupes nous combattent face à face, pas avec des frappes aériennes et des drones. Ils doivent être courageux », a déclaré un soldat des RSF à un poste de contrôle à Khartoum.

Lire aussi : La crise soudanaise met en danger l'approvisionnement en gomme arabique, un élément crucial pour les sodas et les confiseries

Occupation des bâtiments de l’État et contrôle des points de passage

Les combattants des RSF se sont dispersés depuis leurs bases dans la capitale, exposées aux frappes aériennes, et se sont réfugiés dans des maisons, expulsant les résidents. Ils ont également occupé des bâtiments d’État tels que le ministère de l’Intérieur, des bâtiments de la police et saisi de grandes quantités de carburant à la raffinerie de pétrole, ainsi que des banques. Les RSF ont déployé des tireurs d’élite sur les toits et ont pris le contrôle de maisons dans des quartiers huppés de Khartoum. Pour renforcer leur contrôle, ils ont mis en place des points de contrôle à travers la ville, vérifiant les identités et fouillant les voitures et les bagages. Les résidents de la capitale les ont accusés de pillage, ce que les RSF ont nié.

Le conflit a suivi l’effondrement d’un plan soutenu par la communauté internationale pour une transition vers la démocratie. Depuis quatre ans, depuis la destitution de l’ancien président Omar al-Bashir lors d’un soulèvement populaire, l’armée et les RSF partagent difficilement le pouvoir. Burhan dirige un conseil de gouvernement installé après la destitution d’Omar al-Bashir en 2019 et un coup d’État militaire en 2021. Hemedti, qui s’est enrichi grâce au commerce de l’or, joue la carte de l’usure, une guerre d’attrition conçue pour lui ouvrir la voie à un poste de leader politique par le biais de négociations, selon des sources proches de Hemedti.

Les combats depuis la mi-avril ont fait au moins 500 morts et des milliers de blessés, perturbé les approvisionnements en aide, poussé 100 000 réfugiés à fuir à l’étranger et transformé les zones résidentielles de Khartoum en zones de guerre. Hemedti a juré de capturer ou de tuer Burhan, et les deux camps ont violé de nombreux cessez-le-feu.