La monnaie est soumise à une pression croissante depuis la réélection du président Tayyip Erdogan le 28 mai. Elle a atteint un niveau inédit de 23,17 face au dollar à 10h23 GMT mercredi, portant ses pertes cette année à plus de 19%.
Modification de la politique monétaire
Les autorités ont été très présentes sur les marchés des changes cette année, utilisant des dizaines de milliards de dollars de réserves pour maintenir la monnaie stable. Les réserves nettes de devises de la banque ont atteint un niveau sans précédent de -4,4 milliards de dollars le mois dernier, après que la demande de devises ait augmenté pendant le processus électoral.
Quatre opérateurs ont indiqué que la diminution des réserves de devises et d’or de la banque centrale s’était arrêtée la semaine dernière et qu’elles pourraient entrer dans une tendance à la hausse, avec des signes de changement de politique en matière de devises.
« Il y a de nombreuses régulations et changements à apporter, mais la direction dans laquelle nous nous dirigeons devient de plus en plus claire chaque jour. Nous nous orientons vers la détermination de la valeur de la monnaie par les conditions du marché », a déclaré un opérateur.
Nouveau gouvernement et attentes du marché
Erdogan a présenté son nouveau gouvernement le week-end dernier et a nommé Mehmet Simsek, un ancien vice-premier ministre bien perçu par les investisseurs étrangers, au poste de ministre des Finances. Simsek a déclaré par la suite que la politique économique devait revenir à des bases « rationnelles ».
Les marchés attendent également la nomination d’un nouveau gouverneur de la banque centrale pour remplacer Sahap Kavcioglu, qui a dirigé les baisses de taux d’intérêt sous les politiques hétérodoxes d’Erdogan.
« Nous assistons à une normalisation de la politique », a déclaré Tim Ash de BlueBay Asset Management. « Je pense que nous voyons l’impact de Simsek poussant (la banque centrale turque) vers une politique rationnelle ».
Retour à l’orthodoxie monétaire
Sous la pression d’Erdogan, un « ennemi » auto-proclamé des taux d’intérêt, la banque centrale a réduit son taux directeur à 8,5% contre 19% en 2021 pour stimuler la croissance et l’investissement. Cela a provoqué une crise historique de la monnaie en décembre 2021 et a fait monter l’inflation à un sommet de 24 ans au-dessus de 85% l’année dernière.
Le retour de Simsek, qui était ministre des Finances et vice-premier ministre de 2009 à 2018, a signalé un éloignement des baisses de taux d’intérêt hétérodoxes malgré une inflation élevée qui a provoqué une érosion de plus de 80% de la valeur de la monnaie en cinq ans.
Erdogan envisage de nommer Hafize Gaye Erkan, une haute responsable financière aux États-Unis, au poste de gouverneur de la banque centrale, a rapporté Reuters lundi. Erkan a rencontré Simsek à Ankara lundi.
Erkan serait le cinquième gouverneur de la banque centrale du pays en quatre ans, après qu’Erdogan a limogé les gouverneurs précédents dans le cadre de changements fréquents de politique.
Les autorités turques espèrent maintenant que les investisseurs étrangers reviendront après des années d’exode, mais les observateurs du marché ont averti qu’Erdogan s’était tourné vers des politiques conventionnelles par le passé pour changer d’avis peu de temps après.
Cet article a été écrit d’après des informations fournies par l’agence de presse Reuters ici.
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